Virtuose: des manifestants bloquent la vente des machines

REININGUE (France), 10 oct 2013 (AFP) - Des anciens salariés de l'entreprise textile alsacienne en liquidation Virtuose, épaulés par des sympathisants, ont bloqué jeudi la vente publique des machines de la société à Reiningue (Haut-Rhin), provoquant son annulation.

L'accès à la salle de vente avait été bloqué depuis le début de la matinée par des balles de foin, et des acheteurs potentiels tenus à l'écart par une trentaine de manifestants, a constaté un photographe de l'AFP. Finalement, le liquidateur judiciaire de l'entreprise, Maître Philippe Froehlich, a décidé en début d'après-midi d'annuler la vente pour des raisons de sécurité, du fait des difficultés d'accès à la salle, mais aussi du risque de voir les manifestants compromettre la bonne tenue des enchères, a-t-on appris auprès de la préfecture du Haut-Rhin.

"La vente est bloquée, nous sommes là en soutien des salariés et du candidat à la reprise" de l'entreprise, dont l'offre n'avait pas été retenue par la justice commerciale, a précisé à l'AFP Claude Gottardi, secrétaire général adjoint de l'union départementale de la CFTC. Le candidat PS à la mairie de Mulhouse, Pierre Freyburger, était également présent pour soutenir les manifestants.

Dans un entretien publié jeudi dans les Dernières Nouvelles d'Alsace, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg s'est élevé contre le sort de l'entreprise dont la Cour d'appel de Colmar avait confirmé en juin la liquidation judiciaire. Quatre mois après cette décision, Arnaud Montebourg a appelé à "cesser immédiatement ce gâchis économique et social".

"Cette liquidation n'a aucun sens et elle coûte très cher à la collectivité", a ajouté le ministre pour qui cette entreprise est "significative de cette bataille du "Made in France" menée par son ministère. Arnaud Montebourg a encouragé le candidat à la reprise, l'entrepreneur français Pierre Schmitt, à "persévérer" dans son projet de reprise de cette entreprise de fabrication de tissus, spécialisée dans la teinture de fils. "Il est toujours possible (...) de reprendre une société après sa liquidation", a-t-il remarqué. "Les machines proposées à la vente aux enchères aujourd'hui vont servir à alimenter une concurrence déloyale hors du territoire national que nous n'acceptons pas", a encore dénoncé Arnaud Montebourg.

Virtuose employait 58 salariés au moment de sa liquidation, contre 98 lors de sa mise en redressement judiciaire, fin 2012. Fait rare, son comité d'entreprise avait fait appel de la décision de liquidation pour laisser une chance à un projet de reprise de 33 salariés porté par Pierre Schmitt, mais sans succès.