13 mars 2015
Vivarte : l’insupportable attente
13 mars 2015
Depuis l’arrivée de nouveaux actionnaires dans le cadre d’une renégociation géante de la dette et la nomination de Richard Simonin en remplacement de Marc Lelandais à la présidence du groupe, tous, observateurs, fournisseurs, bailleurs, mais aussi et surtout personnel, sont dans l’attente de décisions lourdes, réputées incontournables, mais qui restent floues.
Comme le dit Karim Cheboub, élu CGT au comité de groupe, « officiellement on ne sait rien du tout ». Pour la CFDT, « cet été, devant une situation de blocage, les préteurs ont transformé leurs dettes en prise de participation financière dans le groupe, avec l’objectif de se refaire. Conséquence : le groupe se retrouve à devoir générer pour ces nouveaux actionnaires un niveau de résultat complètement irréaliste au regard de l’état du marché français du prêt-à-porter et de la chaussure ».
Pour la CFDT, les projections financières les plus optimistes des repreneurs ne suffisent pas à couvrir leur besoin de financement.
En clair, pour la faire simple, les décisions de l’an dernier n’ont pas changé grand-chose. Vivarte est toujours aux abois. C’est d’autant plus vrai que, selon nos informations, le chiffre d’affaires sur les trois premiers mois du nouvel exercice 2014-2015, soit de septembre à décembre, serait en forte chute. Le groupe aurait sur la période enregistré un recul de -15 % de l'activité. Et, toujours selon nos informations, la Halle ne serait pas la plus en baisse avec -8 %. Quasiment toutes les enseignes seraient touchées. Y compris Caroll, un fleuron.
Face à cette situation, outre les suppressions d’emplois et fermetures massives de magasins, les syndicats redoutent la poursuite de la réduction des heures en magasins, le regroupement de sièges et fonctions supports, le regroupement ou l’externalisation des moyens logistiques.
Des chiffres circulent ici et là. Selon nos informations, le PSE pourrait concerner jusqu’à 1 700 personnes au niveau groupe, alors qu'ici et là, les chiffres portent sur 1 000. Toujours selon nos informations, il pourrait y avoir la fermeture de 250 magasins La Halle et non pas 220, sur 600 au total. Près de 40 % des effectifs du siège de cette enseigne seraient touchés. Et 60 personnes au sein des entrepôts logistiques. Le PSE toucherait aussi André et Kookaï.
Pour avoir confirmation de ces chiffres, il faudra attendre le 8 avril puisque le Comité d’entreprise extraordinaire prévu la semaine prochaine, le 17 mars, a été reporté… du fait d’une demande de Bercy liée aux élections départementales. Il est vrai que Vivarte devait bien cela au gouvernement suite à la suppression de la dette fiscale du groupe l’an dernier… Avec, selon nos informations, la demande d’un moindre mal sur l’emploi !
En attendant, ces rumeurs circulent alors que des départs interviennent encore au sein des directions. Il y a eu celle officielle de Pierre Trotot, directeur général délégué, remplacé par un nouveau n°2, Massimiliano Messina, au poste de directeur général Opérations. « Est-il recruté par la direction ou imposé par les partenaires, on ne sait pas vraiment », souligne Karim Cheboub.
Bonne question ! Selon nos informations, le fonds Oaktree ne serait pas pour rien dans cette nomination.
Ce n’est pas officiel et même démenti auprès de FashionMag.com par un porte-parole du groupe et par lui-même il y a plusieurs semaines, Jérôme Baniol, directeur financier du groupe, nommé par Marc Lelandais, aurait donné sa démission il y a quelques jours. La rumeur circule d'ailleurs dans le groupe.
A la Halle même, Laurent Giroult, directeur financier, a été récemment remercié. Sans compter le départ de Rémy Choque, le PDG de Défi-Mode, celui de Jean-Louis Besquent, directeur commercial de cette enseigne, et de Philippe Godefroy, directeur de l’offre mode et accessoires de La Halle.
Sans nul doute, la situation de Vivarte, et notamment de la Halle, même si cette enseigne n’est certes pas la seule concernée par les difficultés, conduisent à des décisions drastiques. « Qui ne sont pas nées, en tout cas pour la Halle, avec l’arrivée de Marc Lelandais, mais avaient surgi bien avant », souligne un observateur averti.
Pour celui ci, Vivarte aurait déjà des pistes pour une cession de la Halle justement avec des fonds candidats à la reprise qui demanderaient un assainissement avant acquisition. Une pratique classique au demeurant. Il est vrai que depuis longtemps est évoqué comme sortie de crise un dépeçage du groupe.
Pour Karim Cheboub, pire encore, « les actionnaires ne sont pas d’accord entre eux sur la stratégie à suivre, et aucune ligne prend le dessus ».
Jean-Paul Leroy et Matthieu Guinebault
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