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1 juil. 2019
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Voyage au Mexique risqué mais réussi pour Maurizio Galante

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AFP-Relaxnews
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1 juil. 2019

(AFP) - Les bijoux en paille auréolant les visages des mannequins viennent d'un atelier d'artisan à quatre heures de route de Mexico : en pleine polémique sur l'appropriation culturelle, le créateur Maurizio Galante a réussi dimanche à Paris un pari risqué.


Couleurs sauvages, fleurs brodées sur les manteaux, boléros composés de corbeilles en paille de maïs qui s'adaptent à toutes les morphologies et des bijoux-soleil : les éléments forts de la collection haute couture du créateur parisien d'origine italienne ont été fabriqués au Mexique avec des techniques ancestrales.

Après la collection dédiée au kaftan marocain l'année dernière, celle présentée au premier jour de la semaine de la haute couture à Paris « raconte un métissage entre les cultures » européenne et mexicaine, a déclaré en coulisses à l'AFP Maurizio Galante.

Le créateur a fait défiler un « oiseau serpent » avec ses écailles-plumes en organza sur un tailleur pantalon gris inspiré du dieu aztèque Quetzalcoatl devant des responsables politiques mexicains qui se sont déplacés à Paris en signe d'approbation.

Des VIP atypiques pour la mode, mais plus importants que les célébrités pour ce défilé-là dans le contexte des récentes attaques du gouvernement mexicain contre la griffe new-yorkaise fondée par la Vénézuélienne Carolina Herrera, accusée d'« appropriation » de l'artisanat indigène dans sa collection Resort 2020.

« La controverse vient du fait que Carolina Herrera n'a pas utilisé les mains mexicaines, je pense que les vêtements ont été fabriqués en Chine. Dans la collection d'aujourd'hui, 18 looks ont été fabriqués au Mexique avec des matériaux mexicains », explique à l'AFP Julio Carranza Areas, un député mexicain.

Broderies à l'envers

Selon Maurizio Galante, l'un des artistes qui a participé à la collection et dont le nom est mentionné dans la note d'intention du défilé habite dans une maison aux briques rouges d'un petit village aztèque à 400 km de Mexico.

« Là-bas, ils vivent je ne dirai pas comme à l'époque, mais ils ont un rapport très intéressant avec la nature que nous, on a presque perdu », souligne Maurizio Galante.

Il a fait faire les broderies au Mexique, mais les a utilisées « de façon personnelle » : les unes ont été prises en photo et les motifs ont été reproduits sur des longues robes plissées, d'autres sont portées à l'envers sur un manteau du soir pour obtenir des couleurs plus tendres.

« On a perdu le sens du vêtement comme de quelque chose d'intime et on a perdu cette idée que le vêtement doit être quelque chose pour nous en premier lieu et après pour les autres. Si on arrive à se retrouver bien dans ce qu'on porte, notre énergie est différente, notre visage change », explique le créateur qui a fait quatre voyages au Mexique pour préparer cette collection.

On peut admirer un tissu à fleurs provenant du Japon, à l'« histoire très intéressante » : « A l'époque, quand on allait au Japon, on passait par le Mexique. Le Mexique, c'était le lieu où arrivaient des choses de l'Orient. C'était comme le Maroc, un vrai lieu du métissage ».

Interrogé sur la polémique Carolina Herrera, il répond que « tout dépend qui fait quoi et comment ». « Si vous êtes invité par quelqu'un à dîner il faut respecter les règles de la maison, c'est normal. »

« Si je vais au Mexique, je respecte la culture locale, je n'essaie pas de la détourner de façon négative ou étrange. J'ai mis les noms des artisans. Incarner les voyages c'est tout à fait cela », estime le couturier. « Je ne suis pas quelqu'un qui est en train d'envahir un pays ou de voler des choses, je suis en train de chercher un dialogue. »

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