AFP
24 janv. 2007
Arena, Dim, Well : "Nous sommes des t-shirts usés qu'on jette"
AFP
24 janv. 2007
PARIS, 24 jan 2007 (AFP) - "Nous sommes des t-shirts usés qu'on jette, des salariés Kleenex qui ne sont plus rentables" : Pierre, 40 ans, "futur ex-salarié" de Well (Gard), a manifesté mercredi à Paris devant l'Assemblée nationale avec d'autres salariés de la lingerie.
![]() Manifestation d'employés de l'entreprise de textile Arena, le 24 janvier 2007 aux abords de l'Assemblée nationale à Paris - Photo : Dominique Faget/AFP |
Quelque 300 manifestants, venus du Vigan, de Libourne, d'Autun ou de Château-Chinon, ont voulu rappeler que les grands noms de la lingerie masculine et féminine, Dim, Arena, Well, Aubade et Eminence, repris par des fonds de pension et des groupes bancaires, font l'objet depuis quelques mois de restructurations et de délocalisations. 300 licenciements sont prévus chez Well, 450 chez Dim et 165 chez Arena.
"On se débarrasse de l'outil de production pour mieux revendre l'entreprise. Tout n'est motivé que par une volonté financière. Les actionnaires veulent des dividendes le plus rapidement", résume Pierre, d'un ton traversé par la colère contre les "conséquences désastreuses de la mondialisation".
"Il ne faut plus que ce qui nous arrive se reproduise. Le gouvernement et les candidats à la présidentielle doivent prendre conscience de la gravité des délocalisations et restructurations, un véritable fléau en province. Il faut une loi, des mesures pour arrêter cette hémorragie", renchérit Catherine, 43 ans, coupeuse depuis 25 ans chez Arena.
"Avant les patrons essayaient d'abord de trouver d'autres solutions alors que maintenant dès qu'il y a un léger fléchissement, on licencie immédiatement. C'est la faute du salarié si ça ne marche pas", lance, amère, Marie-Claire, 59 ans, conditionneuse chez Dim.
Les "ex-futurs" salariés de l'industrie du textile décrivent la "dégringolade inexorable" de leur secteur d'activité, matérialisée, disent-ils, par les ventes-reventes, fermetures et délocalisations des usines de fabrication vers l'Asie, en dépit d'un savoir-faire sans cesse loué, et le tout dans des bassins d'emplois jusque-là monoindustriels.
"Il y a trente ans, il y avait des dizaines d'usines dans le secteur, il ne reste pratiquement plus rien. A la fin des années 80, nous étions 1 400 employés chez Well, nous ne sommes plus que 438 et en 2008 plus que 138", compte Bernard. "Quand on délocalise en province, il ne reste plus rien", opine François.
Malgré des plans de reconversion professionnelle, l'angoisse les étreint sur leur avenir professionnel, un désarroi devant le "silence" et l'absence d'actes des politiques. "J'ai trop peur de revivre cette situation", confie Catherine.
"Que voulez-vous que quelqu'un qui a fait du textile pendant 15 ans ou 20 ans fasse d'autre ? Il ne connaît que ça. En plus, où voulez-vous qu'un quadragénaire trouve du boulot ? Qui en accepterait ?", interroge Claude.
Par Luc OLINGA
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