Barbara Franchin: "Tout ce qui est nouveau et intéressant arrive de l’Asie"

Auteur :

Dominique Muret

Publié le
16 juil. 2012

Véritable âme du concours pour jeunes créateurs ITS (International Talent Support), qu’elle porte à bout de bras depuis 11 ans, Barbara Franchin écume les écoles de mode et de design du monde entier pour faire émerger la créativité des lieux les plus reculés de la planète. Au terme de la 11ème édition de ITS, qui vient de s’achever à Trieste, elle dresse le bilan et analyse les tendances du moment.

Barbara Franchin, fondatrice et directeur du concours ITS

FashionMag.com: Quelle est la nouvelle géographie de la créativité dans la mode ?
Barbara Franchin: L’Asie a émergé de façon prépondérante cette année avec de nombreux concurrents en provenance de la Chine et de la Corée, qui sont venus s’ajouter aux Japonais présents depuis quasiment le début du concours. Tout ce qui est nouveau et intéressant arrive de l’Asie, puis de la Russie et des ex-pays soviétiques. Ce sont les nations les plus surprenantes, avec de tout jeunes stylistes qui étudient pour la plupart dans leur pays et non dans les grandes écoles de mode européennes. Ils ont le sens du sacrifice et sont fortement engagés dans ce qu’ils font. Ils y croient. Ils veulent y arriver ! En Europe, nous avons noté la présence de nombreux Britanniques, d’Allemands et de Danois.

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FM: Quelles tendances se dégagent du millier de portfolios de candidatures que vous avez reçus et analysés pour effectuer la sélection finale ?
BF: Le thème principal est celui du contraste, avec une omniprésence du blanc. Un blanc total et absolu, souvent utilisé en opposition au noir. Le contraste est beaucoup utilisé aussi dans les matières, souples et rigides. Dans les couleurs, nous avons vu surtout le vert et le bleu, tandis que nous avons noté l’absence totale d’imprimés. Puis, dans une quantité incroyable de projets, a émergé la présence des oiseaux, comme métaphore de la renaissance et symbole de paix. L’envol semble l’unique possibilité de se détacher de la réalité actuelle, qui n’est guère très belle. La figure de la femme très forte, avec sa capacité de création dans le sens de reproduction, est apparue aussi comme un thème important. Enfin, le visage couvert est un élément constant.

FM: Dans cette 11ème édition ne figurait pas la catégorie de concours pour la photographie. Vous avez eu du mal à boucler votre budget ?
BF: Faute de sponsors, il n’y a pas eu de section photo. Cette année a été terrible. J’ai signé le dernier contrat de sponsorisation juste avant le concours... Nous vivons un cauchemar. Nous avons eu de grosses difficultés à cause de la crise à partir de 2009 et, depuis, nous ne nous sommes jamais repris. Je pense que cela sera toujours plus difficile d’organiser un tel événement. ITS tourne avec un budget d’environ 1,3 million d’euros et nécessite un travail de préparation énorme avec toute la recherche, la production, la gestion des contacts, etc. Eve, la société qui organise ce concours, emploie 10 personnes à plein temps et cinq fois plus à l’approche de l’événement. Nous tenons grâce à nos principaux partenaires (Diesel, YKK, Swarovski, ndlr), mais aussi aux plus petits, même si cela devient très dur de convaincre des sponsors. Nous avons réussi jusqu’ici à maintenir ITS en vie en faisant de gros sacrifices. D’un autre côté, nous sommes une structure totalement libre, qui n’est liée à aucune institution. Et la liberté a un prix.