E-commerce: le Printemps compte rattraper son retard

Auteur :

Matthieu Guinebault

Publié le
8 nov. 2013

Le groupe Printemps entend doubler dans les 3 à 4 ans les ventes de Place des Tendances. Le site, qui avait atteint 25 millions d’euros de vente l’an passé, devient en effet le pendant en ligne de grand magasin. Mais la manière dont le department store tricolore et le grand magasin en ligne fonctionneront de concert reste à définir.

Le PDG du groupe, Paolo De Cesare, et les fondateurs du site, Christine Feuchot et Bertrand Rochebillard, avaient convié quelques journalistes au Printemps Haussmann pour évoquer l’avenir en ligne du grand magasin. Pour l’heure, la manière dont celui-ci et sa nouvelle filiale échangeront leur visibilité est à l’étude. Pas de bornes tactiles boulevard Haussmann pour présenter l’offre en ligne aux visiteurs. Et pas non plus d’irruption de la "marque" Printemps dans Place des Tendances.

"Nous allons garder pour un temps l’identité de Place des Tendances", explique Paolo De Cesare. "Nous allons avancer pas à pas, et voir comment les consommateurs, les nôtres comme les leurs, réagissent. Et évaluer comment donner à chacun plus de visibilité". Une période d’observation qui débute alors que le groupe table pour l’exercice 2013 sur une croissance à deux chiffres, après les 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires atteint en 2012.

Fort d’un million de visiteurs mensuels pour quelque 200 000 de commandes l’an passé, Place des Tendances propose 15 000 modèles et 50 000 références. Avec son site logistique de 6 000 m² à Pantin, sa capacité atteint les 15 000 envois par jour, et permet un service de livraison dans la demi-journée à Paris. Autant d’éléments complémentaires à la structure du Printemps qui ont motivé le rachat de l’entreprise.

Via le nouveau dispositif, le groupe Printemps entend rattraper le retard pris sur Internet. L’e-commerce devrait en effet peser cette année 12,5 % des ventes françaises d’habillement. Paolo De Cesare explique en outre ce rachat par le moment critique que connaitrait l’Hexagone, plus que jamais demandeur d’une offre multicanal. Graphiques à l’appui, le PDG du groupe relève ainsi que le dimanche est le plus gros jour de vente du portail de Citadium et que, en semaine, le pic intervient entre 18h et 20h. "Les consommateurs achètent donc en ligne quand il n’y a plus d’alternative physique", conclut le Président.

Côté marques, la manière dont les offres s’entrecroiseront n’a pas encore été définie. Car c’est aussi l’offre complémentaire de Place des Tendances qui a séduit le Printemps. Lancé il y a 6 ans, le portail a récemment porté à 200 le nombre de marques proposées. Niveau au-delà duquel des fondateurs voyaient jusque-là un risque d’égarer la clientèle. Pour un réseau Printemps dont la surface de vente est limitée, Place des Tendances offre désormais un champ d’activité supplémentaire. Et le portail profitera de son côté de l’attractivité de l’enseigne.

Car c’est pour le portail l’occasion d’étoffer son offre avec de nouvelles grandes maisons dont les corners peuplent les grands magasins. Pour Bertrand Rochebillard, nul risque que les marques déjà présentes sur le site ne se sentent mises de côté pour autant. Bien au contraire. "Les marques adorent de manière générale être accolées à d’autres grandes marques", explique-t-il. "Plus vous les placez dans un environnement où elles se sentent tirer vers le haut, plus elles s’épanouissent". Reste à savoir quelle structure financière permettra aux marques des grands magasins de profiter des ventes en ligne. "Il y a tout un modèle à inventer" pour Bertrand Rochebillard.