AFP
30 oct. 2009
Escada, guetté par la liquidation judiciaire, attend son sauveur
AFP
30 oct. 2009
FRANCFORT (Allemagne), 30 oct 2009 (AFP) - La recherche d'un repreneur devient de jour en jour plus crispante pour le groupe de prêt-à-porter bavarois Escada, qui sera en liquidation judiciaire à partir de dimanche 1er novembre.
Escada |
La situation du groupe est "dramatique", selon une source proche du dossier interrogée par l'AFP. Les liquidités disponibles ne suffisent plus que pour quelques semaines, et les entrées de commandes sont en chute libre depuis des mois. Le temps presse afin d'apaiser les acheteurs des gros clients qui s'apprêtent à examiner les collections pré-automne 2010.
Le lustre du groupe de mode munichois fondé en 1976 et qui avait connu un développement fulgurant dans les années 1980 s'est dramatiquement terni ces derniers mois: incapable de persuader ses créanciers de prolonger l'échéance de 200 millions d'euros de dettes, il a dû déposer le bilan en août, plongeant ses 2.300 salariés dans l'incertitude.
Les difficultés d'Escada ne datent pas d'hier, plusieurs de ses collections ayant déçu ces dernières années. Mais comme le groupe est très sensible à la conjoncture mondiale, réalisant la majeure partie de ses ventes à l'étranger, notamment aux Etats-Unis ou en Russie, la crise économique a élargi la plaie.
Son administrateur judiciaire, Christian Gerloff, n'a pourtant jamais caché son optimisme pour trouver un repreneur et éviter la liquidation et le démantèlement du groupe, vantant l'attractivité de la griffe Escada.
Avec le patron du groupe, Bruno Sälzer, M. Gerloff a recueilli plus d'une dizaine d'offres, parmi lesquelles une poignée sont étudiées de très près.
Megha Mittal, belle-fille du magnat de l'acier Lakshmi Mittal, est notamment candidate à la reprise d'Escada, a déclaré à l'AFP une source proche de la richissime famille indienne. Elle est en concurrence avec Sven Ley, fils du fondateur d'Escada Wolfgang Ley, qui a aussi déposé une offre avec l'appui d'investisseurs italiens.
Un premier candidat s'était publiquement déclaré dès le mois d'août: Nickolaus Becker, bouillant entrepreneur munichois, ancien président du conseil de surveillance d'un groupe allemand de médias et conseiller un temps d'un célèbre homonyme, l'ex-joueur de tennis Boris Becker.
Le prix d'achat d'Escada pourrait atteindre 30 millions d'euros, puis un apport supplémentaire de 100 millions d'euros serait nécessaire dans les deux prochaines années, selon le Financial Times Deutschland s'appuyant sur des spéculations du marché.
Depuis cet été l'action Escada vaut moins d'un euro à la Bourse de Francfort, alors qu'elle avoisinait encore 40 euros l'été 2007.
Les grands actionnaires d'Escada, comme les frères Wolfgang et Michael Herz, propriétaires des magasins Tchibo, ainsi que l'homme d'affaires russe Rustam Aksenenko ont considérablement réduit leurs parts ces derniers mois, réalisant de sévères moins-values au passage.
Mais Bruno Sälzer s'accroche et croit toujours à l'avenir de la marque. Il souhaiterait lui appliquer la recette qui a fait le succès de Hugo Boss, dont il était le patron jusqu'en février 2008: augmenter les parts de marché en s'ouvrant au moyen de gamme et réduire le prix des collections.
Bien que la réputation de M. Sälzer ne soit plus à faire dans le milieu, il n'est pas sûr qu'il puisse aller au bout de ses idées. Car à partir de l'entrée officielle en liquidation judiciaire, il n'aura plus le dernier mot concernant l'avenir de sa société.Par Etienne BALMER
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.