Jacquemus : ode à une mère sensuelle

Nous voilà partis : déjà trois semaines de défilés pour cette saison internationale du prêt-à-porter et la caravane vient d’arriver à Paris. Première étape ? Un merveilleux défilé plein de sensualité par Jacquemus, au musée Picasso, que le créateur a dédié à sa mère, Valérie.

Cela devait être une femme exceptionnelle à en juger par la sensualité sophistiquée et la beauté audacieuse de ces vêtements. Madame Jacquemus a même réussi à inspirer la plus jolie collection de sa carrière à son créateur de fils.

« Je crois que ma mère n’a jamais été plus belle que le soir en rentrant de la plage et certainement quand elle était amoureuse. Ces soirées où nous allions faire un tour sur le port, passant devant les boutiques de souvenirs regorgeant de boucles d’oreilles, de poteries, de paréos et de bandeaux pour les cheveux. C’est cette femme que j’avais envie d’évoquer cette saison. (…) "La Bombe", comme on dit dans le Sud », affirmait le créateur Simon Porte Jacquemus.

Simon Porte Jacquemus est une sorte de créateur culte en France, célèbre pour son goût des volumes extravagants et ses concepts décalés. C’était donc formidable de le voir minimiser ses silhouettes pour réaliser des pièces aussi charmantes, portées par des mannequins qui en étaient manifestement très fans. C’est toujours bon signe sur un défilé !

Bel exercice de pur drapé : des blouses simples, jupes portefeuille et petites robes du soir en coton ou maille monochrome, toutes joliment enroulées sur le corps. Délicat, mais ultra sexy ! Le créateur a fait contraster ces looks plein de pureté avec de minuscules micro-sacs et des accessoires asymétriques. Ni les talons de ses chaussures, ni les boucles d’oreilles n’étaient assorties. Du fer forgé gothique ou des boules futuristes pour les talons, des feuilles d’or mélangées à des carrés noirs massifs pour les boucles d’oreilles.

Une gestion également bien pensée : Simon Porte Jacquemus a présenté son défilé le dernier jour de la semaine milanaise, qui voit traditionnellement les critiques, stylistes et rédacteurs de mode respirer un bon coup et prendre un bain délassant pour se préparer à la dernière ligne droite qu'est la semaine parisienne. C’était donc le seul défilé programmé lundi à Paris. Alors que des dizaines d’équipes télé se pressaient autour de lui dans la cour du musée, dans le Marais, la pluie s’est mise à tomber d’un coup. Mais rien n’aurait pu refroidir ce défilé et la fête qui a suivi et a battu son plein jusqu’à 2h du matin.

C’était au final une merveilleuse manière de se souvenir d’un parent profondément aimé. Simon avait créé une robe pour sa maman Valérie, en lin beige, alors qu’il n’avait que sept ans. Sa mère l’avait portée dès le lendemain pour le déposer à l’école.

« Ce sont des idées simples en apparence, mais le travail de drapé a été très complexe. Tout le monde me connaît pour mes vêtements très élaborés. Mais j’avais envie de choses simples et légères pour cette saison. Toutes les boucles d’oreilles viennent des meubles et des rideaux de ma mère, qu’elle changeait souvent. C’est pourquoi ils devaient être totalement désassortis », a-t-il ajouté alors que tombaient les premières gouttes de pluie.

De façon tragique, Valerie Jacquemus est morte dans un accident de voiture à l’âge de 42 ans, alors que son fils Simon n’avait que 18 ans. Quittant le petit hameau de Bramejean, au nord de Marseille, pour rentrer à Paris, il fonda sa marque peu de temps après. Elle avait été son premier et son plus grand soutien, et n’aurait pu qu’être immensément fière d’un fils capable de créer une collection au charme si exquis.

Ce devait être une femme magnifique.

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