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Karine Arabian: "Tous les sites marchands ne respectent pas les créateurs"

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29 mai 2012


Karine Arabian
Alors que ses pièces rejoignent le site de ventes Javari (Amazon), la créatrice de chaussures Karine Arabian confie à FashionMag ses inquiétudes face à la raréfaction des multimarques de chaussures, et son expérience quant aux dangers du e-commerce.

FashionMag: Comment a débuté cette collaboration avec Javari ?
Karine Arabian: Il se trouve qu’une personne d’Amazon que je connais bien, qui a travaillé pour moi, est venue vers moi. Et si j’ai accepté, c’est justement parce que je sais que je serai bien traitée, notamment au niveau de l’image. Tout le monde se lance à grande vitesse sur Internet, mais de nombreuses personnes oublient l’importance de l’image. C’est bien de faire du business, mais si c'est pour voir sa marque placée à côté d’une griffe de grande distribution, c’est dangereux.

FM: L’offre de certains sites peut-elle causer des dommages à une marque ?
KA: Tous les sites marchands ne respectent pas les créateurs et leur image. Je suis une créatrice, pas une marque lambda. Or, principalement sur les sites de chaussures, on place souvent tout le monde au même niveau. Et c’est dangereux. Les gens ne comprennent plus, en voyant cela, pourquoi on est plus cher que le voisin. S’il n’y a pas une éducation qui se fait sur l’histoire et la qualité d’un produit, c’est la marque qui en pâtira.

FM: Comptez-vous lancer un jour votre propre site marchand ?
KA: Nous travaillons actuellement au lancement d’un site de vente, en effet. Le but est d’avoir un portail, mais de le faire bien. Certes il faut vendre, mais cela ne doit pas devenir un supermarché. On voit aujourd’hui qu’il y a des sites vitrines, et des sites marchands. Notre voie sera celle du milieu. Internet représente l’avenir, surtout dans notre secteur.

FM: L’e-commerce est donc la principale alternative au réseau physique ?
KA: Les réseaux de revendeurs sont en train de diminuer à une vitesse incroyable, alors qu’Internet monte. Aujourd’hui, nous avons deux boutiques en propre à Paris, une en Chine, des corners dans tous les grands magasins et une centaine de magasins sélectifs. Mais les possibilités s’amoindrissent. C’est pire dans la chaussure que dans les vêtements: les multimarques chaussures, ça n’existe plus. Et les multimarques créateurs, ils sont tous en train d’arrêter. Je vois cela aussi à l’étranger, en Allemagne ou en Italie. Et il faut en plus jouer avec les grandes marques, qui imposent leurs quantités: on est évincé.

FM: Les e-acheteurs étant des consommateurs différents des consommateurs physiques, pourriez-vous être amenée à penser différemment vos collections ?
KA: Non. Pour commencer, nous proposons des modèles plutôt anciens, réédités, et pas les grandes nouveautés. Mais même si les modèles les moins chers sont ceux qui se vendront le plus, c’est à nous de rester alertes et de ne pas nous contenter de l’entrée de gamme. Il y a toujours un pourcentage à ne pas dépasser. Le but n’est pas de finir par faire du moyen de gamme: je suis très vigilante là-dessus.

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