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23 sept. 2021
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Jean-François Limantour (Euromed sourcing): "Les marques demandent aux fabricants d'absorber la hausse des coûts"

Publié le
23 sept. 2021

Les chiffres du premier semestre montrent une accélération de 25% des importations européennes d'habillement venant des pays du pourtour méditerranéen. Si cette hausse est en partie à lire à l'aune des baisses connues en 2020, il faut aussi y voir le signe de marques prudentes quant aux commandes asiatiques à long terme (plus de 6 mois avant la saison) dans un contexte toujours incertain. A ceci s'ajoute une volonté préexistante d'accroître le sourcing de moyen terme (dans les 6 mois précédant la saison). Des circonstances qui, alliées à la flambée des prix du fret et des matières, profitent au Maghreb et à la Turquie. Une situation que décrypte Jean-François Limantour, président du Cercle euro-méditerranéen des dirigeants textile-habillement (Cedith) et de l'association Evalliance de coopération textile entre UE, Asie du Sud-Est et Méditerranée.


Jean-François Limantour - Evalliance


FashionNetwork: Comment interprétez-vous la récente hausse des commandes européennes d'habillement en Euromed ?

Jean-François Limantour : Les chiffres confirment une tendance qui a commencé à se manifester à la fin du premier trimestre. Ce n'est donc pas un épiphénomène, mais je pense quelque chose de durable, qui traduit beaucoup de choses. Et notamment la demande des consommateurs pour une mode plus responsable, décarbonée, et non plus jetable. Car, par-delà la crise, nous vivons la remise en cause d'un modèle qui existe depuis le début des années 2000, avec une fast-fashion qui, pour les jeunes consommateurs, constitue un non-sens sur le plan écologique.

Manifestement, le marché européen cherche à s'approvisionner de plus en plus auprès de fournisseurs proches, qui ont une empreinte réduite en termes de transport. Cette situation est favorable à la production européenne, mais également à nos partenaires du Maghreb, voire de l'Europe de l'Est. Cela va sans doute encore se développer car le marché s'éloigne résolument des business models traditionnels au profit de systèmes plus responsables que la fast-fashion. Et ceci dans la perspective de répondre à la demande de consommateurs toujours plus pressés, connectés, qui attendent une satisfaction immédiate, voire personnalisée.

FNW : Et donc d'un sourcing à moyen terme, avec des quantités plus réduites?

JFL : Cela ne va pas forcément dans le sens d'une réindustrialisation des vêtements en Europe, mais en tout cas dans le sens d'une production Euromed. Peut-être qu'on parlera bientôt au passé des achats de très grosses quantités en Asie, avec de très longs délais, dans des conditions sociales et environnementales potentiellement détestables, peu conformes aux nouvelles attentes. C'est le souhait de beaucoup de voir disparaître ces business models qui consistent à devoir produire beaucoup, avec une surproduction qui génère des montagnes d'invendus, dont on sait qu'une partie terminera dans les chaudières industrielles. C'est l'exemple même du gaspillage dont beaucoup ne veulent plus.

Le fait de produire en Europe, ou en Euromed, plutôt qu'en Asie, devrait permettre de mieux ajuster les productions à la consommation via des séries plus courtes. Et donc d'éviter ce gaspillage. On en voit les premiers signes dans les statistiques européennes, et cela peut vite devenir une tendance forte. Il ne faut néanmoins pas rêver que l'industrie européenne de l'habillement va renaître de ses cendres, mais cela annonce l'apparition de petites unités de production réactives et agiles, qui seront en phase avec ces nouveaux paradigmes.

FNW : La crise du fret freine l'approvisionnement lointain. Fait-elle aussi du tort aux fabricants d'Euromed ?

JFL : La zone de production joue dans le choix des consommateurs. Mais c'est surtout une donnée économique importante car les coûts de transport ont été quasiment multipliés par dix en l'espace de quelques mois, en conséquence du Covid-19 et de la raréfaction de l'offre de transport. Mais, en toile de fond, nous avons des consommateurs désormais bien informés sur l'impact écologique de ces transports.

Dans leur propre approvisionnement en matériaux, les fabricants de l'Euromed sont relativement peu touchés par la flambée des prix de transport. Ils sont touchés plus tard, lorsque les marques refusent de prendre en charge la hausse du prix de transport des produits finis vers leurs destinations finales. Ces marques demandent à leur fabricants d'absorber ce surcoût. Tous les stades de la filière sont au final impactés par cette crise du transport. Mais cela n'empêche pas que cette crise joue par nature en faveur d'une production locale.

FNW : S'ajoute à ceci la hausse du prix des matières premières…

JFL : Divers éléments justifient cette flambée des prix. Le coton a flambé, avec un prix multiplié par deux. Cela ne s'est pas encore intégralement répercuté dans les prix à la production des tissus et vêtements. Il faut donc encore s'attendre à des augmentations de prix dans les différents stades avals de la production. Les tisseurs ont besoin de matières brutes. Ils subissent ces hausses. La question est de savoir s'ils peuvent les répercuter vers les producteurs, et eux-mêmes vers les clients. Ce qui n'est pas évident car, comme on le sait, le marché reste relativement atone, peu dynamique. Il est douteux que les consommateurs acceptent facilement de payer plus.


Shutterstock



FNW : Face à ces hausses de coûts, les fabricants espèrent-ils que les marques en supportent une partie?

JFL : Oui, absolument. Mais ce n'est pas tout à fait ce qu'il se passe actuellement. Les marques exercent une pression forte sur leurs fournisseurs, qui sont en "queue de chaîne" et voient leur marge totalement laminée. C'est un énorme problème pour les fabricants textiles. Mais je ne jette pas la pierre aux marques et distributeurs, car nous sommes dans un environnement économique particulièrement difficile. Il n'existe pas d'équation miracle pour sortir de cette situation.

FNW : Lors de la crise du coton en 2009, beaucoup de marques s'étaient repliées sur les matières synthétiques. Serait-ce encore une bonne solution aujourd'hui?

JFL : Je n'en suis pas persuadé car les matières synthétiques augmentent elles aussi fortement. Beaucoup sont des dérivés d'hydrocarbures, or le pétrole connaît sa propre hausse des prix. Suivre la même stratégie qu'en 2010 reviendrait à fuir une situation difficile pour tomber dans une autre situation difficile. Et il existe peu d'alternatives, comme le lin ou le chanvre. Mais le marché ne peut pas consommer que des matériaux de ce type. Une autre possibilité, mais qui ne se fera pas du jour au lendemain, c'est le recyclage des matières. Constituer de nouvelles filières de matériaux recyclés est une solution d'avenir. Cela offre une meilleure maitrise des prix, un meilleur impact durable, et des perspectives pour des zones qui ont peu de matières, comme l'Europe et l'Euromed. Tunisie et Maroc commencent à s'interroger très sérieusement sur cette question.
 
 

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