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Publié le
22 nov. 2021
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Comment la crise accélère la refonte de la distribution mode, selon SMCP et Inditex

Publié le
22 nov. 2021

Passant au crible les chiffres et enjeux de la filière textile-habillement durant son colloque Fashion Reboot, l’Institut français de la mode a fait dialoguer le 18 novembre deux patrons à la tête de grands groupes de mode, à savoir SMCP (Sandro, Maje, Claudie Pierlot…) et Inditex France (Zara, Bershka, Oysho…). Isabelle Guichot, directrice générale de la première entité, et Jean-Jacques Salaün, à la tête de la seconde, ont témoigné, devant une salle comble à la Cité de la mode et du design, à Paris, des difficultés rencontrées et des opportunités saisies durant cette pandémie qui accélère la refonte du retail mode.


Zara, collection automne-hiver 21/22 - DR


Les contraintes liées à la crise sanitaire ont conforté Inditex dans les orientations technologiques prises durant la dernière décennie. "Pendant plusieurs mois, 90% des magasins du groupe ont été fermés. Les changements mis en place il y a plusieurs années nous ont aidés à passer la tempête: c’est le cas par exemple de la RFID (étiquette permettant une radio-identification des produits, ndlr), qui équipe tous nos vêtements et a permis d’écouler tous les stocks des magasins fermés sur l’e-shop. A la réouverture, nous avons pu présenter de nouvelles collections en boutiques", retrace Jean-Jacques Salaün, à la tête d’Inditex France depuis vingt ans.

Le ship-from-store (envoi d'une commande depuis un magasin, ndlr) est également une solution dont s’est emparé SMCP, qui l’a déployé durant la crise. "Dans un contexte post-Brexit où les frais douaniers sont dissuasifs, cela nous sert énormément au Royaume-Uni: nos magasins londoniens sont devenus des entrepôts pour la livraison des commandes online outre-Manche", exprime Isabelle Guichot, qui loue les facultés de résilience d’une structure "aux capacités financières solides, à l’exposition géographique mondiale et à la pénétration digitale déjà forte". En 2020, près de 30% des ventes de SMCP ont été générées en ligne.


Avant de rejoindre le groupe en 2017, Isabelle Guichot a notamment dirigé Balenciaga pendant près de dix ans. - SMCP


Celle qui a pris les rênes du groupe cet été, après avoir dirigé Maje pendant quatre ans, estime que la crise "a poussé à la réflexion et à l’action, provoquant un reset de notre activité, de notre parc, de nos collections, de la manière de travailler en équipe… Ce qui semblait compliqué est parfois devenu simple du jour au lendemain. Prenons par exemple la dématérialisation du ticket de caisse, qui s’est généralisée: auparavant les marques n’étaient pas équipées pour, et les clients rechignaient à donner leur e-mail, ce n’est plus le cas aujourd’hui".

L’e-commerce s’est affirmé comme un pilier de plus en plus incontournable de l’activité des distributeurs de mode. Et pourtant, historiquement, Zara partait de loin. "Inditex ne s’est ouvert au commerce en ligne qu’en 2012! Auparavant, le fondateur Amancio Ortega n’y croyait pas… Mais une fois la décision prise, les investissements ont été colossaux, et, en 2020, nous sommes devenus le leader de la distribution textile sur le net", affirme Jean-Jacques Salaün.

Face à la montée en puissance de plateformes de mode low cost, et en particulier du chinois Shein, il évoque une saine concurrence: "On regarde cet acteur, mais il ne nous fait pas plus peur que cela. Chaque modèle est intéressant, on peut tout de même se poser des questions en termes d’éthique et de durabilité, mais il faut respecter la concurrence car cela nous fait réfléchir. Dès qu’un nouveau modèle arrive sur le marché, cela fait bouger les lignes. Ce n’est pas pour rien que, dès que nous implantons un nouveau magasin en France, on se place toujours le plus près possible d’un concurrent!"


Une des plateformes logistiques d'Inditex - DR


Le cadencement des collections et l'optimisation des quantités produites s’imposent plus que jamais. L’obsession actuelle des marques est de "produire au bon moment, au bon endroit et au meilleur prix", résume Isabelle Guichot. "Notre empreinte carbone aujourd’hui, c’est ce qu’on ne vendra pas. D’où l’importance du ‘demand planning’ (planification de la demande client, ndlr) et de la nécessité d’être plus rigoureux sur la justesse des prévisions, c’est ce qui occupe nos équipes de data scientists".

Le groupe de luxe accessible, au sein duquel se déroule actuellement une bataille entre actionnaires, réfléchit en outre aux moyens de ne quasiment plus utiliser le transport aérien, et d'effectuer du réapprovisionnement rapide, en proche import, si un produit rencontre un succès qui n’aurait pas été anticipé.

Pour Jean-Jacques Salaün, "on ne peut qu’être contre la fast-fashion si cela désigne le fait de produire trop et donc de devoir détruire des produits. (..) Le groupe Inditex ne fabrique que des quantités relativement limitées, c’est-à-dire des séries très courtes renouvelées fréquemment. Lorsqu’une collection sort, il faut s'en saisir aussitôt car elle disparaîtra vite, avertit le dirigeant. Nos faibles invendus sont donnés à des associations en France et en Espagne".


Claudie Pierlot, collection automne-hiver 21/22 - DR


Le modèle intégré d’Inditex est aussi une des clés de sa relance post-2020. "Le groupe est un distributeur mais aussi un fabricant, avec l’idée de tout maîtriser de la conception à la vente. Nous avons nos propres usines et des fournisseurs qui travaillent exclusivement pour nous. Quand on prend des engagements, c’est pour toute la chaîne", appuie Jean-Jacques Salaün, qui, sur la question des Ouïghours, affirme qu’Inditex – qui a été épinglé par l’ONG Sherpa - n’est pas présent dans la zone du Xinjiang.

Sur ce sujet, Isabelle Guichot oppose la même réponse. "Nous n’avons jamais produit une seule pièce dans cette région, mais avons été pointés du doigt car notre actionnaire Shandong Ruyi est chinois. C’est un raccourci intellectuel, et le travail de l’ONG n’a pas été rigoureux. L’impact de ce dossier est énorme, en termes d'image, de ventes, et de notation ESG de l'entreprise", explique-t-elle. Un élément de plus en plus pris en compte par les banques et investisseurs.

Rappelons qu'une enquête a été ouverte fin juin en France par le Parquet national antiterroriste pour "recel de crimes contre l’humanité" à l'encontre de SMCP, mais aussi d'Inditex, d'Uniqlo France et de Skechers, à la suite d'une plainte déposée par plusieurs ONG qui affirment que ces groupes ont eu recours au travail forcé de Ouïgours en Chine.


Boutique Fursac modernisée, rue de Richelieu à Paris - DR


Les caps fixés en matière d’écoresponsabilité sont maintenus par les deux mastodontes, qui testent également de nouveaux modèles. Inditex ambitionne par exemple de ne travailler qu’avec du coton plus responsable d’ici 2023, tandis que SMCP affirme que la moitié de ses produits ont plus de 50% de composants écoresponsables. "Pour certaines matières, il est encore compliqué de trouver des substituts écologiques, nuance Isabelle Guichot. Nous n’avons pas été les plus vertueux, mais nous travaillons dur et toute l’industrie avance. Le changement qui s’opère est irréversible".

Maje a par exemple lancé cette année un service de location concernant une centaine de ses tenues de soirée en France et aux Etats-Unis, qui devrait prochainement s’étendre à l’Asie, et teste aussi un service de seconde main chez Sandro, qui a vocation à traverser l’Atlantique. "Ce sont des business models qui ne sont pas encore dominants mais que l’on souhaite intégrer. Cela ne va pas sans quelques interrogations techniques, logistiques ou informatiques, mais l’intérêt est présent -notamment de la part de nos employés- donc on ne va pas s’arrêter là", soutient la dirigeante, qui pourrait aussi réfléchir au principe de l’abonnement.

Enfin, questionnée sur le devenir de la griffe De Fursac (désormais rebaptisée Fursac), Isabelle Guichot reconnaît qu’"acheter une marque de mode masculine formelle en France, fin 2019, n’a pas été le mouvement stratégique le plus chanceux sur le papier! Mais un an et demi après, nous sommes persuadés qu’il s’agit d’une bonne idée: son ADN est très fort, l’image de marque n’est pas abimée et son rapport qualité/prix est étonnant. Fursac n’a pas encore beaucoup touché à l’international, au digital ou au sportswear, donc le champ de créativité pour l’avenir est formidable", conclut la dirigeante, après 45 minutes d'un échange nourri dans l'auditorium de l'Institut de la mode.

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