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23 juin 2022
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Patatam se rebaptise Rediv et lève 12 millions d’euros

Publié le
23 juin 2022

Exit Patatam, bienvenue à Rediv. Créé en 2013, le spécialiste de la seconde main se focalise désormais sur l’activité de prestation pour les marques et les enseignes. La société française accélère son développement et, pour bien marquer qu’elle stoppe la vente directe aux consommateurs, se rebaptise donc Rediv. Une nouvelle levée de fonds de 12 millions d’euros menée en mai auprès des fonds Colam Impact, Creas Impacto et Quadia, qui avaient déjà participé au tour de table de 7 millions d’euros l’an dernier.

"Nous sommes heureux de continuer à soutenir Rediv et sommes convaincus de son potentiel en tant que leader européen sur le marché de la mode d'occasion dans le secteur retail. Pour apporter une réponse efficace et utile à cette industrie, nous pensons que Rediv est la meilleure proposition pour créer une plateforme européenne, sur un marché en croissance. Rediv se distingue par capacité d'expansion et sa capacité à comprendre les clients", ont exprimé les représentants des fonds. Ce nouvel apport doit permettre à la société landaise de réaliser les investissements nécessaires à ses ambitions et saisir les opportunités autour de ses activités de collecte, tri et revente de produits d’occasion qualifiés.


Patatam devient Rediv - Rediv


Et celles-ci sont nombreuses… Après avoir développé l’activité de seconde main dans le réseau Auchan, la société, basée en Nouvelle-Aquitaine, va entrer chez Leclerc et a récemment validé le déploiement de sa solution d’espaces dédiés à la seconde main avec Kiabi, dans plus de 300 magasins, à la fin 2023. Elle a en outre tissé des partenariats de collecte avec des acteurs du retail, comme les groupes Orchestra ou Devred, pour récupérer les produits de seconde main de ces enseignes.

Une dynamique forte qui se concrétise en France mais aussi en Europe. Ainsi, alors que l'entreprise vise les 15 millions d’euros de recettes cette année, soit un chiffre d’affaires multiplié par plus de trois en un an, il table sur une activité de l’ordre des 45 millions en 2023. La direction de Rediv précise avoir collecté 2,5 millions de vêtements l’an dernier grâce à un réseau de plus de 2.000 points de collecte.

La levée de fonds doit lui permettre de financer cette croissance, en particulier avec 5 millions d’euros dédiés à l’équipement de ses entrepôts.


Eric Gagnaire, cofondateur de la société - Rediv


"On avait annoncé l’intégration d’un nouvel entrepôt de 14.000 mètres carrés à Cambrai (Nord), dont les 40 premiers employés arrivent prochainement, rappelle Eric Gagnaire, cofondateur de Rediv. Cette levée de fonds va permettre d’installer le dispositif de stockage robotisé Exotec, comme celui que nous avons déjà aujourd’hui à Hastingues (Landes) depuis janvier. Cette technologie développée par une licorne française nous permet de robotiser notre entrepôt tout en gagnant en hauteur, et donc d’optimiser l’espace. Il n’y a pas mieux pour stocker les produits de petits formats. Dans le Sud-Ouest, nous avons 300.000 vêtements actuellement et on pourra monter à 750 000. L’Exotec de Cambrai sera deux fois plus grand et pourra atteindre 1,5 million de pièces. Une autre partie de l’investissement sera dédiée à créer le catalogue de vêtements."

Car en déployant différents services pour les distributeurs, marques et enseignes, le spécialiste de la seconde main a vu son activité et ses volumes grandir. Une tendance qui ne semble pas faiblir, le contexte économique avec une perspective d’inflation jouant en faveur de la seconde main.

Le dirigeant souligne d’ailleurs que ces dernières semaines ses ventes ont progressé de 35% à périmètre constant et que les collectes, en échange de bons d’achats notamment alimentaires, fonctionnent mieux. Après avoir séduit Auchan et d’autres grandes surfaces alimentaires, la société commence à convaincre des enseignes spécialisées, comme récemment Kiabi, et veut développer ses prestations auprès des marques. Si bien que l’entreprise stoppe son activité de vente directe aux consommateurs pour se positionner en tant qu’interlocuteur clé avec 50% d’activité sur les GSA (grandes surfaces alimentaires). Et en cette fin juin, l’acteur a décidé de se renommer.


Un premier Exotec est en place depuis le début d'année à Hastingues - Rediv


"Nous mettons derrière nous le fait que nous étions une marque grand public, assume Eric Gagnaire. Nous fermons aussi les boutiques Patatam, sauf celle de Lormont (Gironde) qui nous sert de laboratoire pour donner des informations à nos partenaires sur des sujets comme la dégressivité sur les prix, les taux de conversion ou la rentabilité du vintage dont nous développons l’offre… Nous voulons devenir cet acteur exclusivement à destination des professionnels. Nous avons choisi Rediv, qui vient du latin Redevo et signifie retour à la vie. Et c’est aussi un mot qui se prononce de la même façon dans toutes les langues."

Car Rediv, grâce à ses accords avec les groupes d’hypermarchés, voit son activité décoller hors de France et Belgique, ses marchés historiques. Aujourd’hui, la société est active en Italie, en Espagne, au Portugal, mais aussi en Pologne, en Roumanie et en Hongrie. Fournir en vêtements d’occasion les réseaux de magasins lui permet d’étendre son activité dans toute l’Europe, et notamment en Europe de l’Est où l’appétence est forte et les performances au mètre carré cinq fois plus importantes qu'ailleurs.

Grâce à sa récente levée de fonds, la société développe par ailleurs des pilotes pour déployer son expertise en Allemagne et aux Etats-Unis. Deux marchés où de grands acteurs de la distribution vont tester dans les prochains mois le potentiel des corners de seconde main de Rediv. "Cela débute comme avec Auchan par des tests sur une poignée de magasins, mais, vu la taille de ces réseaux, cela peut être très important", admet le dirigeant de la société qui veut répondre à une demande sur un segment où il pense avoir pour l’heure peu de concurrence.

"On connait nos forces. Nous sommes bons sur le mass market, avec du volume. Nous regardons aussi ce que va faire Zalando sur le sujet, mais aujourd’hui cela reste une marque. Des acteurs comme Faume, Reflaunt et bien sûr Vinted sont positionnés plus premium. Certaines marques veulent développer leur solution de seconde main mais ne nous contactent que pour la prestation logistique. Nous nous sommes rendus compte que chaque marque a besoin de solutions différentes. Le modèle Kiabi ne marchera pas chez Promod. Il faut adapter chaque corner et dispositif de collecte en fonction du client. Notre tronc commun c’est la logistique, nos ressources IT, et ensuite ce sera à la carte", poursuit-il.
 

D'ici fin 2023, des corners de seconde main seront déployés dans le réseau Kiabi - Rediv


Des perspectives qui expliquent aussi les investissements logistiques. La rentabilité de la revente est rendue possible par la structure logistique de l'entreprise, son mécanisme de bons d’achat en échange de vêtements propres et non troués et les volumes importants traités. A fin 2023, elle prévoit une capacité de stockage de plus de 2 millions de pièces dans ses deux entrepôts dédiés aux partenaires physiques et son entrepôt de Pau dédié aux acteurs du digital, qui traite avec des acteurs comme ShowroomPrivé ou La Redoute.

Mais le point crucial pour Rediv va être de trouver les gisements de vêtements. "C’est l’un des challenges. Nous savons que nous allons avoir besoin de beaucoup de vêtements. Nous travaillons pour construire ces partenariats de collecte. Nous avons la Redoute, nous discutons avec Sport2000… Par exemple, nous avons des rotations incroyables chez l’homme et l’enfant mais nous avons très peu de sourcing. Et nous savons que nous pourrions vendre deux fois plus de vêtements pour enfant qu’aujourd’hui…C’est pourquoi nous essayons de trouver des enseignes très différentes. Ce qui est motivant, c’est que du côté des enseignes, l’approche est ouverte pour tester des choses. Nous avons par exemple fait une collecte digitale avec Promod dont l’efficacité nous a surpris."
 
Et l’équipe de Rediv, qui devrait compter plus de 500 personnes à la fin de l'année prochaine, trois fois plus qu'aujourd'hui, va continuer de grossir, notamment avec le recrutement en cours d’un directeur des opérations. A moyen terme, la direction envisage en effet de déployer d’autres sites au plus proche des marchés où la société va s’implanter, Eric Gagnaire soulignant que les banques sont à présent beaucoup plus enclines à financer les investissements dans les Exotec.

Rediv pourrait aussi s’ouvrir à d’autres catégories de produits en seconde comme le jouet ou les accessoires. Avec des fonds impact (orientés vers l'investissement responsable au niveau durable et social, ndlr) à son capital, l’entreprise avance aussi sur le thème de la responsabilité sociale et environnementale, soulignant ne quasiment pas faire commerce des produits non utilisables et envoyés en Afrique, et s’impliquant aussi dans des projets de recyclage des textiles usagés.
 

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