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23 mai 2013
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Samuel Alimi (SL Sourcing): "Si les marques veulent réellement rester au Bangladesh, elles devront travailler différemment"

Publié le
23 mai 2013

A la tête de SL Sourcing, société basée à Paris et spécialisée dans le sourcing qui travaille avec de grands noms français et européens, Samuel Alimi porte un regard critique sur le récent drame survenu au Bangladesh du Rana Plaza qui a coûté la vie à 1 127 ouvriers de la filière textile et ses suites. Et s'avoue sceptique sur l'avenir du secteur dans ce pays.

Samuel Alimi
Samuel Alimi
Fashionmag.com: Après l’accident survenu dans la banlieue de Dacca, la capitale du Bangladesh, quel est votre sentiment par rapport à l’accord signé par 31 marques occidentales et les confédérations syndicales IndustriALL et UNI Global Union?
Samuel Alimi: Je porte un regard assez positif sur cette initiative, car la situation est réellement lamentable dans ce pays. Il faudra tout de même voir quelle sera l’implication réelle des marques et les répercussions de cet accord. J’ai peur qu’il ne s’agisse que d’un écran de fumée.

FM: Pour quelles raisons?

SA: L’accord concerne un millier d’usines alors que le pays en compte 4 500. Mais plus que les usines, il faut voir l’énorme nombre d’ateliers aux conditions déplorables. Nous avons une co-entreprise en Chine, SL Marllen, dont les performances nous satisfont. Avec l’attractivité du Bangladesh, nous avons voulu créer une structure identique. Sur les deux dernières années, j’ai été en contact avec huit partenaires potentiels qui paraissaient intéressants sur les premiers échanges et la visite de leur site principal. Mais, en creusant, les conditions générales de l’activité étaient vraiment redoutables. Nous avons fait quelques tests mais, finalement, même si nos clients nous demandent régulièrement pourquoi nous n’avons pas d’activité dans ce pays, j’ai décidé de ne rien faire. Le drame de la fin avril a mis en lumière la situation mais, sur les deux dernières années, avec le cumul des accidents, les décès avaient déjà dépassé ce nombre. Et l’on sait déjà que les prochains accidents sont programmés.

FM: Comment expliquez-vous cet état de fait?

SA: Je pense que l’Europe a sa part de responsabilité. Des accords ont été noués entre l’Europe et le Bangladesh pour favoriser l’activité économique du pays. Mais il y a eu un véritable appel d’air. Si bien que les industriels n’étaient pas organisés pour répondre à la demande qui a déferlé. Les marques visitaient des usines où on leur présentait un espace "modèle" répondant aux exigences de contrôle. Mais, en plus des usines, des ateliers ont été installés dans des immeubles de bureaux.

FM: Mais l’accord pourrait permettre de moderniser cela?
SA: Ce que l’on vient chercher au Bangladesh, c’est le prix et uniquement le prix avec ce salaire à 40 euros par mois contre aujourd’hui 250 en Chine. Et l’accord avec l’Union européenne octroyait un avantage de 13% sur les droits de douanes par rapport à la Chine. Le pays ne possède pas de structures ni de moyens et très peu de sites sont aux normes. Les marges dans le textile ne permettent pas réellement des investissements massifs pour une mise à niveau.

FM: Mais le gouvernement bangladais a fait un appel aux marques pour qu’elles soutiennent l’activité économique du pays.
SA: C’est toute la complexité. Aujourd’hui en Chine il y a une amélioration des conditions avec les augmentations salariales. Tout n’est pas encore parfait. J’ai encore souvent des échanges avec mon partenaire chinois sur les normes. Certains détails me semblent hors norme alors que lui estime que les conditions sont déjà très bonnes. Mais au Bangladesh il n’y a même pas cette réflexion. Travailler en mettant sa vie en jeu est une issue pour sortir de la misère. Mais je crains que l’on soit face à une hypocrisie générale car l’augmentation des salaires et l’application de normes va entraîner un renchérissement des coûts de production. C’est très bien pour les ouvriers dont le salaire pourrait atteindre les 60 euros, car je ne pense pas qu’il double. Mais, s’il y a une augmentation, les marques n’auront plus tellement d’intérêt à rester. Surtout si les accords avec l’Europe sont levés.

Usine de vêtements au Bangladesh - Photo: AFP


FM: Vous voyez déjà des marques quitter le pays?
SA: Non, mais nous avons été contactés car, avec la fermeture d’usines et les troubles qui ont suivi l’accident, certaines marques ont basculé leur production sur d’autres marchés car elles avaient peur de se retrouver hors délais. Mais, une fois de plus, le seul atout du Bangladesh, quel que soit le positionnement de la marque, c’est le prix sur des produits simples comme le pantalon chino ou le polo en coton. Même en termes d’accessoires, comme les boutons, ils ne sont pas organisés.

FM:
Vous pensez donc que les marques vont quitter ce pays?

SA: Si le discours est sincère, je crois qu’elles doivent rester au Bangladesh. Mais elles devront travailler différemment. Avant le développement de l’industrie dans ce pays, on gagnait de l’argent, après on en gagnait un peu plus. Mais on ne peut pas laisser la situation comme elle est et se contenter de dire que l'on demande des améliorations aux prestataires. En s’impliquant dans l’économie locale, les marques auraient un meilleur contrôle de l’activité. Car l’un des fléaux reste la corruption, vous pouvez réaliser un audit externe, mais l’industriel peut toujours glisser un billet au contrôleur et votre usine sera considérée aux normes.

FM: Mais quelles peuvent être les solutions de repli pour les marques?

SA: A titre personnel, je regarde actuellement ce qu’il est possible de faire sur le Cambodge et le Vietnam. Les problématiques sont différentes. Les infrastructures sont plus développées qu’au Bangladesh car l’Etat est présent dans l’industrie. Mais il faut aussi savoir avec qui travailler pour développer son activité. Sinon, nous regardons du côté du Brésil pour développer notre activité sur les Amériques, mais pour l’instant les droits de douanes élevés sont un frein. Mais surtout, je pense qu’aucun acteur ne peut remplacer la Chine. Je crois que le prix ne sera plus le seul facteur de décision. En Chine, les coûts sont plus élevés mais on ne fait plus la même chose. Il y a une culture du style qui se met en place, par exemple nous avons recruté six personnes pour le style en Chine. Avec sa diversité de savoir-faire, le style et la réactivité, elle reste incontournable.

FM: L’Afrique est de plus en plus évoquée. Des industriels chinois de la chaussure se sont déjà installés au Nigéria...
SA: Il s’agit d’un épiphénomène. Je n’y crois pas comme une solution majeure à court ou moyen terme. Au Bangladesh, il n’y a pas d’infrastructures et de cadre mais il y avait une culture de la confection. En Afrique, cela n’existe pas. Et une fois de plus, le textile est une industrie de l’instant avec des marges qui permettent peu d’investissements. Je vois mal un acteur développer des sites et former des équipes.

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