L'Oréal simplifie son actionnariat avec promesse de stabilité

PARIS, 4 fév (AFP) - Le groupe de cosmétiques français L'Oréal a simplifié son actionnariat en faisant de la fortunée Liliane Bettencourt et du groupe suisse Nestlé des actionnaires directs, tout en se protégeant d'un éventuel raid boursier, ce que les marchés ont pris comme une promesse de stabilité.

Alors que le capital était jusqu'ici verrouillé par la holding Gesparal, L'Oréal va dorénavant avoir deux grands actionnaires directs, la famille Bettencourt (27,4% du capital) et le groupe alimentaire Nestlé (26,4%), ce qui théoriquement pourrait l'exposer à des offres hostiles.

Mais les parties ont pris soin de multiplier les précautions.

Les deux actionnaires se sont mutuellement accordés des droits de préemption sur leur participation pour 10 ans. Il s'engagent à conserver tous leurs titres pendant 5 ans, même si en cas d'offre d'un tiers ils se donnent la faculté d'apporter leurs titres à l'offre ou de surenchérir. Enfin Nestlé ne pourra pas augmenter la sienne "du vivant de Mme Bettencourt" et pendant au moins 3 ans.

"Cet accord renouvelle la stabilité de notre actionnariat. L'Oréal n'est pas la petite société vulnérable que certains imaginent. Si l'action est restée extrêmement calme ce matin, c'est que le marché ne considère pas comme évidente une OPA sur l'Oréal", a réagi mercredi son PDG Lindsay Owen-Jones lors d'une conférence de presse.

"Les clauses (du nouvel accord) ont déjà marqué, ce matin, leur raison d'être", a-t-il ajouté, en référence au fait que "le marché n'est pas parti dans une frénésie spéculative".

A 16h30 à la Bourse de Paris, le titre L'Oréal gagnait 1,02% à 64,65%.

"La direction de l'Oréal a sécurisé son indépendance et les actionnaires en sont contents", ont commenté deux analystes de la banque Pictet à Genève.

L'Oréal est numéro un mondial de l'hygiène-beauté avec des marques comme Lancôme, Vichy, Gemey, Biotherm ou encore Garnier, vantées au fil des ans par des mannequins réputés comme Claudia Schiffer ou Laetitia Casta. Il pèse plus de 14 milliards d'euros de ventes et dégage 2 milliards de bénéfice.

Un joyau qui permet à Liliane Bettencourt, 81 ans, de figurer en tête des plus grandes fortunes de France.

Le statu quo de l'actionnariat devrait d'autant plus prévaloir que Mme Bettencourt, qui a toujours jalousement surveillé L'Oréal par admiration pour son père Eugène Schueller qui en fut le fondateur, a laissé transparaître que sa fille Françoise Bettencourt ferait de même.

Non seulement celle-ci est aussi signataire du nouvel accord d'actionnaire, mais elle a pour la première fois, nommément, exprimé son "attachement fidèle" à L'Oréal et son management, ce que le PDG Owen-Jones s'est empressé de noter.

De son côté, Nestlé, par la voix de son patron Peter Brabeck-Letmathe, a exprimé sa satisfaction sur cet accord, qui "donne à Nestlé une plus grande flexibilité d'action par rapport à son investissement stratégique dans le groupe leader de la cosmétique mondiale".ATTENTION - ajoute déclarations PDG Lindsay Owen-Jones