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1 juil. 2016
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Vivarte : l'heure du découpage

Publié le
1 juil. 2016

« Chez Vivarte, il n’y a que les PDG qui changent. La stratégie reste la même : réduire le périmètre, que ce soit en fermant des magasins La Halle ou en cédant des marques. Et toujours avec peu de considération pour les équipes, averties à l'emporte-pièce ». Propos d’un observateur averti d’un groupe qui manifestement n’est toujours pas guéri malgré les traitements de choc qui lui sont infligés depuis plusieurs saisons. Surtout, et c’est sans doute une des questions pour la suite : comment croire les directions successives qui juraient de ne pas enclencher un découpage de Vivarte ?
 

Chevignon


Certes, Stéphane Maquaire, président de Vivarte arrivé sur ce premier semestre, peut dire qu’il n’est pas tenu par les propos de ses prédécesseurs. Il aurait d’ailleurs prévu de communiquer son business plan début septembre prochain, aurait-il confié à des représentants syndicaux. Mais ceux-ci quand même s’inquiètent.
 
Ainsi, Karim Cheboub, secrétaire du Comité de Groupe et représentant CGT réclame une réunion extraordinaire du Comité de Groupe auprès du nouveau DRH de Vivarte, Richard Cuif, qui l’a prévenu simplement par téléphone des projets de cessions de Kookaï, Chevignon et Pataugas. En soulignant : « Cette décision est particulièrement importante, aussi bien pour les salariés de ces enseignes, dont l’avenir dépendra des engagements que vous aurez pris avec les repreneurs et des projets d’entreprises qui sous-tendent ces opérations, les salariés du groupe, avec en question vos ambitions sur le marché de l’habillement de centre-ville (la cession de Kookaï interroge les ambitions du groupe sur ce secteur) et les conséquences pour la situation économique et financière ».

Il est vrai que la communication légale était passée par les marques. « Aucune communication Comité de Groupe était obligatoire », souligne une porte-parole de Vivarte.
 
Pourtant, depuis des mois, beaucoup s’attendaient à la cession de ces trois marques après celles de l'unité de fabrication Compagnie Vosgienne de la Chaussure, de l'enseigne Défi Mode et de la marque Accessoire Diffusion, annoncées en début d'année. FashionMag Premium en a d’ailleurs fait régulièrement état. Les signes avant-coureurs ne manquaient pas. Au premier chef, la fermeture et/ou le transfert de certains magasins bien placés de ces enseignes à d’autres enseignes du groupe comme Minelli ou Caroll notamment. Le directeur général de Chevignon soulignait d’ailleurs lui-même dans FashionMag que la marque revenait au wholesale.
 
Mais les pertes qu’enregistrent ces filiales sont aussi un lourd inconvénient pour engager une cession.
 
Très concrètement, selon les données publiées, Kookaï comptait sur son exercice clos à fin août dernier des pertes de 30 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 72,5 millions ; sur l’exercice clos à fin août 2014, les pertes étaient de 13,3 millions pour un chiffre d’affaires de 94,2 millions. Chevignon a affiché à août 2015 un chiffre d’affaires de 29,68 millions d’euros pour des pertes de 6,3 millions ; fin août 2014, le chiffre d’affaires était de 31,5 millions pour des pertes de 13,4 millions. Quant à Pataugas, la marque avait gagné près de 900 000 euros sur l’exercice clos à fin août 2014 pour un chiffre d’affaires de 16,9 millions d’euros. Sur l’exercice clos à fin août 2015, la société est passée en perte, de 1,5 million, pour un chiffre d’affaires approchant les 15 millions.
 
Qui donc pour reprendre ? L’an dernier, des rumeurs avaient fait état d’une possible reprise de Kookaï par un des fondateurs de la marque star des années 1980. Avait aussi été cité le franchisé australien de Kookaï. Si ces marques sont aujourd’hui officiellement sur le marché, c’est que ces approches supposées n’ont pas abouti.
 
Certains observateurs pensent à un fonds qui paierait peu cher, restructurerait et revendrait dans trois ans. A voir donc.
 
Selon nos informations, Vivarte doit aussi gérer des conflits d’ordre juridique entre certains licenciés Kookaï et Chevignon qui n’ont pas apprécié de voir ces marques, auprès desquelles ils s’étaient engagés alors qu’elles étaient positionnées de manière sélective, se retrouver dans les Halles Vêtements.
 
A travers des cessions, Vivarte y gagnera de son côté une diminution de ses pertes, mais aussi une contribution réduite aux frais de la holding.
 
En tout cas, ce n’est pas la vente de ces trois marques  (avec un mandat confié à Rothschild pour Kookaï et un autre à Lazard pour Chevignon, selon nos informations) qui réglera le problème du groupe de distribution spécialisée.
 
Il y a tout juste un an, selon nos informations, un plan de restructuration aurait été en discussions concernant la Halle Chaussures. Sans que les actionnaires et la direction de l’entreprise arrivent à se mettre d’accord sur son ampleur en tout cas.
 
Comme nous le signalait l’ancien dirigeant du groupe, Richard Simonin, dans une interview à FashionMag Premium le 7 mars dernier, dans le cadre de l’accord de restructuration financière, un nouveau business plan devrait être présenté d'ici fin août prochain aux actionnaires. « L’objectif du précédent plan acté lors de la restructuration financière en 2014 était de 200 millions d’euros d’Ebitda sur 2015, soulignait Richard Simonin. Cela n’a pas été atteint car, dès le départ, c’était inaccessible. Il va donc falloir faire approuver un nouveau plan à cinq ans d’ici août 2016. Différentes options sont ou seront étudiées. »

Celui-ci, dans cette interview, affirmait que, pour lui, « le découpage du groupe est loin d’être le meilleur scénario de création de valeur pour les actionnaires ».

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